Entretien
avec les créateurs du salon NFPL 2000 (Non Food Private
Label)
Journaliste : Jean-Marie Massaert,
Antoine Bonnel qui êtes-vous ?
JMM : Après un poste
dans le marketing d'une multinationale, j'ai très vite
opté pour une carrière " trait d'union " entre
l'industrie et le commerce en organisant des conférences,
des rencontres commerciales et des formations.
AB : J'ai travaillé pour
Bercy Expo où j'ai rapidement été amené à créer des
évènements et des manifestations à caractère commercial.
Très vite je me suis aperçu que deux choses priment dans
un salon. La rapidité avec laquelle un visiteur peut
satisfaire sa demande, l'extrême professionnalisation des
exposants et des visiteurs et la mise en relation facilitée
par le contexte d'affaires créé.
Journaliste : Comment vous est
venue l'idée de créer un salon pour les marques
distributeur dans le domaine du non-food ?
JMM : Nous avons créé
ensemble des MDD Clubs en alimentaire :
Une enseigne européenne (par exemple Auchan, Leclerc,
Karstadt, El Corte Inglès, Cora, Bloc, ou Somerfield ) nous
transmettait sa demande en termes de produits MDD et nous
faisions du sourcing pour leur proposer, en une journée de
rendez-vous les fabricants susceptibles de leur convenir.
Nous avons ensuite proposé des Clubs Distribution Europe ou
le bureau d'achat d'un leader de la distribution en
bricolage rencontrait les industriels du monde entier.
AB : La concrétisation
par des stands n'a été qu'un aspect final de ce premier
travail que nous avons mené sur les MDD depuis deux ans. En
ce sens, nous ne sommes pas comparables à des créateurs de
salons. Nous sommes plutôt des créateurs de contexte.
Aujourd'hui, nous employons d'ailleurs plus volontiers le
terme de MDE (Marque d'Enseigne) qui nous semble
correspondre davantage à l'évolution des produits et des
enseignes de ce secteur.
Journaliste : Comment s'est
déroulé le premier salon NFPL en mai 2000 ?
JMM : Il est important
de rappeler le contexte de la naissance de NFPL. Ce salon de
business to business a vu le jour pour au moins trois
raisons :
1/ Le marché des produits non-alimentaires à marque
d'enseigne est en plein développement.
2/ Il n'existait pas de lieu de rencontre pour la
distribution européenne dédié aux marques d'enseigne
non-alimentaire (le PLMA d'Amsterdam est essentiellement
dédié aux produits alimentaires et aux produits DPH)
3/ Il est souvent difficile pour un fabricant d'établir des
contacts ciblés avec les acheteurs de marques d'enseigne
des grandes chaînes de distribution européennes.
AB : Dès le début nous
avons souhaité que ce salon devienne un outil de travail
pour les exposants et les distributeurs que nous avons
consultés auparavant et qui nous ont confirmé leur
intérêt pour une telle initiative.
La première difficulté était de satisfaire ceux qui ont
participé à cette première année et qui donc les
premiers ont cru en ce projet en lui assurant une
crédibilité.
Le pari était donc de faire déplacer les décideurs de
la grande distribution dès la première année, et
notamment les européens. Il est notoire par exemple que les
allemands se déplacent peu sur les salons français en
général et beaucoup moins encore quand c'est la première
année.
Nous avions un nombre de visiteurs pré-inscrits très
important qui nous avait convaincu que même dès la
première année les distributeurs prenaient en compte ce
salon non comme un salon de plus mais plutôt comme un outil
de travail nécessaire et très ciblé.
Journaliste : Concrètement quels
ont été les points forts et les points faibles du dernier
salon ?
JMM : Les points forts
sont les témoignages obtenus de la part des visiteurs de la
grande distribution et distribution spécialisée. (1200
visiteurs sur deux jours dont 75% sont des acheteurs, chefs
de produits et marketing managers)
89 % des visiteurs de la Distribution qui se sont déplacés
nous ont confirmé leur intérêt pour NFPL 2000 et nous
poussent à le pérenniser. Monsieur Alain Blond du Groupe
Opéra (Casino, CORA, …) pense même qu'à moyen terme les
enseignes devraient avoir une présence sous forme de stand
à ce salon. Plus de 55 % des enseignes interrogées nous
ont affirmé spontanément vouloir revenir l'année
prochaine et, parmi les autres 25 % reviendront s'il y a
davantage d'exposants.
Ceci montre le potentiel de NFPL, malgré les handicaps
liés au lancement de tout nouveau salon.
AB : C'est une
caractéristique des salons Private Label d'accueillir peu
de visiteurs en quantité mais importants en qualité. Le
salon étant réservé exclusivement aux chaînes de
distribution généralistes et spécialisés, le succès de
participation d'un exposant se joue sur une dizaine de
contacts en deux jours. Nous désirons cette année
maintenir cette sélectivité qui nous caractérise en
renforçant notre impact sur les visiteurs étrangers. Mais
nous pensons avoir un devoir d'accompagnement de nos
exposants et nous renforcerons cet aspect des choses dans
les prochaines éditions.
Journaliste : Un devoir
d'accompagnement de vos exposants ça consiste en quoi
exactement ?
JMM : C'est lié
principalement au manque de maturité du contexte d'affaire
particulier d'un salon Private Label. Si les exposants en
alimentaire sont déjà familiers de ce genre de salon, ce
n'est pas encore bien clair pour la plupart des exposants du
non alimentaire. Certains n'avaient encore jamais travaillé
pour la marque d'enseigne.
Un salon tel que celui là est plus exigeant en terme
marketing et commercial qu'un salon normal. Les cahiers des
charges des enseignes sont plus grands pour sélectionner
les fabricants qui porteront leurs marques.
AB : Ceux qui n'avaient
pas un produit recherché par les visiteurs ou un produit
nouveau ou à la mode en ce moment ont pu ressentir ce
premier salon comme plus difficile qu'un salon classique
dans lequel ils ne recherchent qu'un référencement sous
leur marque.
Les étrangers déjà référencés dans leur pays qui ont
rencontré les grandes enseignes françaises étaient
enthousiastes sur la qualité des visiteurs.
Ceux qui par contre avaient un produit bien présenté et
innovant, une technique adaptée dans la façon de le
proposer ont fait un malheur. Il est important pour nous en
tant que spécialistes du Private Label non alimentaire de
bien communiquer sur les attentes de nos visiteurs auprès
de nos exposants. Ce qui est important dans le salon NFPL
c'est le niveau professionnel de nos visiteurs et la
qualité de contacts que nous proposons. Il faut parfois des
mois pour pouvoir les rencontrer quand on les contacte
directement dans leurs enseignes. Ensuite c'est au fabricant
de faire ses preuves avec son produit.
Journaliste : Quelles seront les
nouveautés du salon NFPL 2001 ?
AB : Tout d'abord le
nombre de salons augmente cette année. Nous aurons 17
salons thématiques non alimentaires regroupés en 9
univers.
- Bricolage , Jardinage et animalerie
- Pièces et accessoires de transport (auto, moto, camion)
- La maison et son équipement
- Les services
- L'habillement, l'équipement de la personne, les sports et
loisirs
- La santé l'hygiène et les soins de la personne
- L'enfance et la jeunesse
- L'électroménager, l'électronique et les nouvelles
technologies
- La culture, les produits festifs et saisonniers.
JMM : Nous avons créé
cette année un comité de pilotage : le NFPL Committee,
constitué exclusivement de décideurs achats ou marketing
de produits non-alimentaires à marque propre des
principales enseignes de distribution.
C'est une de nos priorités stratégiques d'impliquer dès
aujourd'hui la Distribution européenne dans l'élaboration
de NFPL 2001. Ce comité de parrainage donnera les
orientations que prendra le salon NFPL à l'avenir et
constituera le meilleur gage de la venue nombreuse des
visiteurs de 2001. Ce salon n'est plus un salon pour les
distributeurs mais un salon piloté par les ditributeurs.
Journaliste : Peut-on savoir
quelles enseignes ont participé au premier " NFPL
committee " ?
JMM : AUCHAN, BRICO
INTERNATIONAL, CASINO, CASTORAMA,
COOP ITALIA, CORA, DELHAIZE LE LION, DOMAXEL, EL CORTE,
INGLES, EROSKI, ESSELUNGA, ITM, LEROY MERLIN, METRO, SAPAC
PRINTEMPS, SIPLEC, TRIPODE JARDILAND étaient présents.
B&Q , CARREFOUR, GLOBUS, GO SPORT, OBI, TRUFFAUT,
SYSTEME U, WAL MART sont membres mais n'ont pas pu venir à
cette première réunion.
Journaliste : N'est-il pas difficile
de mettre ensemble des enseignes a priori concurrentes pour
réfléchir à des stratégies de Marques d'Enseigne ?
JMM : Cette plate-forme
d'échanges où des professionnels partagent de manière
informelle des préoccupations communes à leur métier
rencontre un grand succès. Les représentants des
hypermarchés, des grandes chaînes spécialisées ou des
vépécistes viennent de tous les pays européens et de
plusieurs secteurs d'activité. Cela enrichit beaucoup les
discussions sans pour autant dévoiler les stratégies
personnelles de chacun. A terme le " NFPL Comittee
" pourra nous orienter dans notre sourcing. D'autant
que les recherches de fournisseurs peuvent être menées
dans des pays où les enseignes ne sont pas forcément
actives.
Journaliste : Justement n'y a- t-il
pas une tendance des enseignes à aller chercher des
produits dans des pays où la main d'œuvre est moins chère,
une tendance que vous pouvez favoriser par ce genre de
démarche de sourcing pour votre salon ?
AB : Les fabricants
français restent pour nous très importants même si nous
ouvrons largement le salon à des fournisseurs étrangers.
Les entreprises françaises ont une charte de qualité, de
sérieux et de normes qui est réclamée par la plupart des
enseignes. D'autres part nous travaillons avec le Centre
Français du Commerce Extérieur pour alerter mieux ces
fournisseurs français et les postes d'expansion économique
qui ont la démarche de faire venir des distributeurs
japonais, nord européens ou autre pour les rencontrer au
salon.
En fait, nous travaillons en terme de proposition, la plus
large possible sans parti pris ni envers les enseignes ni
envers les fournisseurs. Notre travail est de rechercher des
fournisseurs de façon à proposer sur notre salon une offre
large et innovante en terme de produits.
Journaliste : Quel sera la rôle de
votre portail d'affaires nfpl.net ?
JMM : nfpl.net
deviendra, dans un délai proche, un outil d'aide au
sourcing pour les distributeurs. Il s'agira dans un premier
temps d'une base de données internationale consultable par
les distributeurs, des entreprises industrielles
intéressées à produire des MDE. Comme l'a suggéré le
représentant de Metro International lors du dernier "
NFPL committee ", la complémentarité de nfpl.net doit
générer des synergies avec les Market Places déjà
développés par certains distributeurs.
Journaliste : un site business
comme nfpl.net ne peut-il pas devenir presque concurrentiel
du salon ?
AB : nfpl.net sera une
plate-forme commerciale sur le monde, un lieu d'échanges et
d'informations sur les évolutions, les innovations et les
opportunités d'affaires mais cet outil de travail sera
surtout un complément du salon. C'est un accompagnement
toute l'année et ne peut en aucun cas remplacer la
rencontre directe et la présentation des produits telle
qu'elle peut se dérouler sur un salon. Dans une
négociation aussi importante que celle d'une grande
enseigne voulant apposer sa marque sur un produit, la
rencontre directe est indispensable. Elle est d'ailleurs
toujours prolongée de la visite des principaux responsables
de l'enseigne sur le lieu de production du fournisseur. Il
devrait être opérationnel à partir de janvier. En
attendant notre site provisoire : www.chez.com/nfpl est
toujours valable pour obtenir toutes les informations sur le
prochain salon.
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